jeudi 23 septembre 2010

Regard sur la Chine : la difficile réadaption des bergers chinois

YUSHU, Qinghai, 22 septembre (Xinhua) -- Celà fait déjà six ans que Zhaduo n'habite plus dans sa maison située sur le vulnérable plateau du Qinghai au Tibet, mais cet homme de 33 ans raconte que ses yacks et la vie de berger lui manqueraient toujours.
"La somme d'argent recueillie après avoir vendu mes 40 yacks et 25 moutons s'est tarie," raconte-t-il. "Aujourd'hui la vie près du centre-ville coûte très chère."
Zhaduo fait parti des émigrants provenant du village de Rima dans le district du Yushu, dans la province du Qinghai (nord-ouest), avoisinant les trois fleuves majeurs de Chine -- le fleuve Yangtsé, le fleuve Jaune et le Lancang -- qui forment la zone la plus humide de Chine, connue aussi sous le nom de la tour d'eau d'Asie.
La Chine a commencé à déplacer la population de la région de Sanjiangyuan, qui s'étend sur 150 000 km2, depuis plus de cinq ans maintenant, et cela afin de réparer l'écosystème endommagé par un élevage intensif, le but étant de transformer la région en une réserve naturelle inhabitée.
Jusqu'à présent, quelque 50 000 bergers, dont la plupart sont des Tibétains, ont dit au revoir au nomadisme et ont été déplacés près des centres-villes, où ils ont un meilleur accès à l'éducation et aux soins.
Zhaduo habite maintenant dans le village de Jiajiniang, à 12 minutes en voiture de la commune de Gyegu dans le Yushu. Sa famille survit grâce à la cueillette de champignons cultivés dans les montagnes.
Zhaduo n'a pas de travail fixe sauf pendant la saison des récoltes de mai à juin, et il se sent en insécurité financièrement car totalement dépendant du climat et de ses changements soudains.
"Il n'y a pas de retour en arrière possible, la prairie ayant été saisie par le gouvernement, et de toute façon, je n'ai plus assez d'argent pour racheter des yacks et des moutons," raconte Zhaduo.
Les décisionnaires chinois ont été sommés de redoubler leurs efforts afin d'aider les émigrants de Sanjiangyuan à s'adapter à leurs vies nouvelles et pour que des bergers, qui n'ont pas de qualifications précises, ne soient pas sacrifiés par ce projet de réparation écologique de grande envergure.
Le gouvernement a consacré 7,5 milliards de yuans (900 millions de dollars) à ce projet.
Li Xiaonan, directeur-adjoint du Bureau à la construction et à la préservation écologique de Sanjiangyuan, a indiqué qu'après le lancement des opérations, la zone humide est actuellement capable de contenir plus d'eau et que la qualité de l'eau s'est améliorée.
Une population croissante, ainsi que le surpâturage, étant les causes du déclin de l'écosystème de la région.
Selon des chiffres officiels, seulement 130 000 personnes habitaient dans les préfectures de Guoluo et de Yushu en 1949. Mais la population s'est vue multipliée par cinq en seulement 60 ans.
Monsieur Li a précisé que la délocalisation des 50 000 bergers était la clef à l'amélioration de l'écosystème, mais le gouvernement doit maintenant fournir plus d'aides, autres que la distribution de céréales ou que les subventions en espèces aux bergers déplacés.
En outre, le gouvernement provincial offre des formations professionnelles et met de côté des fonds pour encourager la création de petites entreprises privées.